L'abc du voyageur diabétique

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6 juin 2024

Les personnes diabétiques n’ont aucune raison de renoncer à voir du pays. Le secret tient dans une planification minutieuse et le respect de quelques conseils pratiques.

Entretien avec Sophie Comte, médecin-cheffe du Centre d’endocrinologie et diabétologie de l’Ensemble Hospitalier de La Côte, et Heike Labud, infirmière clinicienne.

Alimentation 

La nourriture dans le pays de destination peut être tout à fait différente, avec des effets sur la glycémie moins connus. Pourtant, selon nos interlocutrices, peu de précautions additionnelles sont requises, les patients ayant l’habitude d’identifier les sources de sucre et de limiter leurs apports.   

Les changements dans la routine alimentaire ne portent pas forcément à conséquence. « En Italie, on mange beaucoup plus de féculents que ce qu’on mange ici, mais il ne faut pas oublier qu’en général quand on est en vacances, on visite à fond. Donc, on a une activité physique plus importante qu’ici, et les sucres en plus sont dépensés tout de suite », explique Sophie Comte.   

Assurances 

Il est prudent de vous renseigner pour savoir si les coûts d’un traitement à l’étranger sont pris en charge par votre assurance maladie. Vous pouvez également souscrire une assurance annulation ou une assurance interruption de voyage, afin de bénéficier d’un rapatriement en Suisse en cas de problème.  

Avion 

A ne pas négliger : le certificat du médecin, pour être autorisé à emporter avec soi son matériel d’injection et de mesure de la glycémie.   

En effet, l’insuline et les médicaments antidiabétiques sont à garder dans son bagage à main. « Il y a beaucoup de risques à mettre ce matériel en soute : le froid, la perte des valises, typiquement quand il y a une escale, le fait que les valises sont jetées, et donc un risque de casse », avertit notre doctoresse.  

« C’est surtout le décalage horaire qui nécessite des conseils », ajoute Heike Labud. En cas de long voyage ou de décalage horaire important, supérieur à trois heures, l’idéal est de discuter avec le médecin. « On leur demande de venir avec leurs horaires de vol pour pouvoir ajuster l’insuline basale ». 

Insuline

« On va regarder les conditions sanitaires du pays dans lequel ils partent. Est-ce qu’il y aura des frigos ou pas ? S’il fait très chaud, on va regarder comment ils peuvent transporter leur insuline pour qu’elle reste quand même tempérée, parce que sinon elle risque de se détériorer », détaille notre spécialiste. 

L’insuline ouverte peut supporter une température ambiante comprise entre 0 °C et 30 °C pendant environ un mois après ouverture. Différents dispositifs de transport existent : pochettes isothermes, glacières, etc. Ou, pratique et incassable, une simple bouteille en métal pouvant conserver de l’eau fraîche pendant 24 heures, nous suggère Heike Labud.  

Maladie 

La vigilance s’impose pour éviter les problèmes digestifs de style turista, qui peuvent être synonymes de déshydratation, et qui perturbent la prise alimentaire. Pour y faire face, c’est toujours une bonne idée d’« avoir sur soi un peu de sucre à absorption rapide et des médicaments contre la diarrhée », résume Heike Labud.  

Si l’apport alimentaire est perturbé, il faut que les voyageurs « compensent ce qu’ils ne peuvent pas manger par quelque chose qui s’absorbe directement ou des sucres rapides. Le coca, c’est quelque chose qui passe bien. On en trouve partout. On ne dit pas que le coca est un médicament, hein ? », sourit la doctoresse.  

Matériel 

Une étape importante consiste à faire le plein de matériel pour le voyage. « Il faut passer à la pharmacie, acheter suffisamment, même plus d’insuline que nécessaire. Si le patient a une pompe à insuline, il faut suffisamment de matériel pour la pompe, suffisamment de capteurs à glycémie. » En gros, prévoyez plutôt trop que pas assez, pour parer à toutes les éventualités !  

Ordonnance 

« Pensez à avoir une ordonnance à jour, souligne Sophie Comte. Il ne faut pas appeler le vendredi 1er juillet à 16 h 30 le cabinet de son diabétologue pour dire qu’on n’a plus d’ordonnance. »  

Cette ordonnance de secours, destinée au cas où il faudrait se procurer de l’insuline ou des médicaments antidiabétiques sur place, peut s’avérer salutaire.

« J’ai des patients qui vont par exemple en Thaïlande, développe notre doctoresse, et qui n’ont pas assez d’insuline. Il y a toujours des hôpitaux; le problème, c’est que vous attendez quasiment une journée à l’hôpital si vous consultez pour quelque chose qui n’est pas urgent. Ça peut vite gâcher un jour de vacances si on n’a pas bien préparé les choses en amont. »  

Pied diabétique 

Les règles en vigueur restent valables à l’étranger : pas de pieds nus, y compris sur la plage et à la piscine. « On leur dit toujours de regarder leurs pieds une fois par jour, que ce soit eux-mêmes ou leur entourage », conseille Sophie Comte.  

« Selon où ils partent, typiquement dans les pays en développement, je leur conseille aussi qu’ils aient le matériel pour les pansements », ajoute Heike Labud. A prévoir donc, de la bétadine ou un autre désinfectant. Et si l’on a oublié, un nettoyage à l’eau et au savon fait l’affaire. « En cas de blessure, protégez, observez, et dans le moindre doute partez consulter. Si ça devient rouge, que ça ne passe pas, il faut consulter un médecin en urgence », poursuit notre infirmière. 

L’important, c’est de garder une dose de bon sens. « Je vois des personnes qui sont très sédentaires et qui, quand elles partent en vacances, marchent 8 heures par jour, témoigne la doctoresse Comte. Là aussi, il y a un risque pour les pieds qui est plus important. Donc, on ne va pas les freiner dans leur activité physique, mais leur dire que s’ils font des choses inhabituelles, d’être plus vigilants. »  

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