La nature dans la peau
La demande pour les cosmétiques bio et naturels est en plein boom : le marché mondial est passé d’une valeur de 17 milliards de dollars en 2018 à près de 21 milliards de dollars en 2023.
Les géants de la cosmétique suivent la tendance et injectent de plus en plus d’ingrédients naturels dans leurs produits pour les rendre plus « clean ». Face à eux, de petites entreprises parviennent à tirer leur épingle du jeu avec, côté suisse, des marques comme Biokosma, Valeve, Apinatura, Jardins des Monts, Louve Papillon ou encore Belle Luce, qui jouent les cartes locales, éthiques et écologiques.
Formules magiques
Composés de matières premières naturelles telles que huiles, extraits de plantes, cires, argiles et minéraux, ces produits de soin « vert » sont en revanche dénués de produits chimiques potentiellement nocifs et polluants comme les parabènes, les sulfates et les silicones. Pour cette raison, ils sont mieux tolérés par la peau et leur utilisation limite les risques de réactions allergiques et d’irritations.
Le mythe selon lequel les produits naturels ne sont pas aussi efficaces que les actifs high-tech fabriqués en laboratoire a vécu. Les recherches prouvent le contraire, même s’il est avéré que leur action n’est pas immédiatement perceptible, mais s’inscrit sur le long terme en soutenant la régénération naturelle de la peau.
Les vertus hydratante, antioxydante, anti-inflammatoire, cicatrisante ou encore tonifiante des ingrédients naturels sont connues depuis des siècles. En témoignent les rituels beauté ancestraux qui utilisent les trésors de la nature au service du soin du corps et de l’embellissement de soi : citons le monoï dont s’enduisent les Tahitiennes, l’huile d’argan prisé des femmes berbères pour ses propriétés hydratantes et anti-âge, ou encore le beurre de karité, allié des femmes africaines.
Aujourd’hui, le retour vers le naturel est dicté par un souci croissant de santé et de développement durable.
Doux pour la planète
La volonté de réduire l’empreinte environnementale des produits est inscrite dans l’ADN des cosmétiques bio et naturels. De nombreuses marques fabriquent leurs produits localement, à partir de matières premières du cru, ce qui réduit les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports.
A l’autre bout de la chaîne, les emballages sont limités et de préférence biodégradables ou recyclables. Certaines marques vont encore plus loin et misent sur des contenants rechargeables, voire sur le zéro déchet.
Le bio : la crème de la crème
Forcément naturels, les produits bio répondent à un cahier des charges plus exigeant que les cosmétiques naturels : 95 % de leurs matières premières sont issues de cultures biologiques contrôlées.
Dans un cas comme dans l’autre, pour optimiser leurs effets, les ingrédients subissent des processus de transformation physiques ou chimiques doux et non polluants, qui permettent leur retour dans le cycle de la nature.
Le saviez-vous ?
Dans des produits cosmétiques traditionnels, seuls 5 % à 10 % des ingrédients sont actifs, c'est-à-dire qu’ils contribuent effectivement à l’efficacité du soin, le reste étant constitué d’ingrédients annexes comme des conservateurs, des tensioactifs ou des régulateurs de pH, qui améliorent la durabilité, la texture ou la tolérance du produit. En revanche, dans un produit biologique, la proportion d’actifs atteint 95 %.
Attention au greenwashing
Rien n’empêche les marques de donner une image verte assez éloignée de la réalité à leurs produits. Quelques feuilles sur l’emballage, un nom qui évoque la nature, suffisent à induire le consommateur en erreur.
Une pratique courante consiste à mettre l’accent sur un actif naturel pour faire croire que l’ensemble du produit l’est, alors qu’il ne représente qu’un pourcentage minime de la composition et s’accompagne de composants moins acceptables. Une crème contenant 0,01 % d’extrait de grenade pourra tout à fait se revendiquer comme naturelle par exemple.
Trois astuces pour s’y retrouver
chercher les labels reconnus. Pour un produit certifié bio, on peut citer Ecocert et Cosmebio parmi les plus courants ;
déchiffrer la liste des composants, qui doit être claire et lisible. La loi impose aux fabricants de lister sur le packaging la totalité des ingrédients qui entrent dans sa composition, par ordre décroissant par rapport au pourcentage qu’ils représentent dans le produit. Si les ingrédients naturels n’apparaissent qu’en fin de liste, c’est mauvais signe ;
vous pouvez utiliser une application comme Yuka, FRC Cosmétiques ou Clean Beauty, qui évaluent la qualité des produits et pointent les ingrédients à risque.